--Sarsenij--

Un peu de Jeu de rôle, ébauche de présentation de Sarsenij.

Sarsenij naquit un triste jour de novembre dans une basse ruelle de Moutonpolis. La pluie tombait en cascades sur les toits grisonnant de la banlieue. Sa mère était une servante d'un riche habitant d'Herbes-Sauvage, un bourgeois bien gras qui lui jetait quelques os de poulet ou de mouton par ci par là en guise de salaire. Elle devait faire matin et soir le trajet de Moutonpolis au domaine de "Richelieu", où son patron ne la logeait que lorsqu'une envie fugace et perverse lui traversait l'esprit. Ainsi, Sarsenij n'était pas le premier de ses fils, ni le premier qu'elle abandonna le jour de sa naissance, en désespoir de ne plus pouvoir survivre.
Sarsenij tenait de sa mère sa force de vivre, et de son père la volonté de s'imposer au monde. Il put donc, à peine né, se traîner à l'abri le plus proche et attendre sans crier l'arrivée d'une quelconque aide.
Par chance ou par malchance, à vous d'en juger, un bandit le trouva, maigrichon et ratatiné par une pluie diluvienne de deux jours. Il le prit pour le revendre à quelque famille riche, ou à quelque cuisiner, selon les prix. Mais devant le long et fin couteau du cuisinier, le voleur fut pris de remords et décida de l'abandonner devant l'orphelinat.
Sarsenij y grandit sous les coups de ses camarades plus âgés, mais sans pour autant les rendre à priori. Il se demandait toujours pourquoi ces coups lui étaient donnés, et s'il s'agissait d'une vengeance que l'agresseur destinait symboliquement à son propre agresseur de sa prime enfance, Sarsenij ne se défendait pas. Jamais il ne fit preuve de violence gratuite, à part lors de la découverte de son premier champignon orange.
Le tristement célèbre yayoo31 passait dans les environs et d'une de ses sacoches tomba un petit champignon. Sarsenij, intrigué par ce produit tant ambivalent, tantôt dévalorisé par l'orphelinariat, tantôt fréquemment utilisé dans Moutonpolis par tant de bergers, le plaça dans la bergerie la plus proche qu'il trouva. Le mouton, pris d'un accès de folie détruisit le champ de son propriétaire, un homme bien pauvre qui survivait à peine et dont des frelons venus d'on ne sait où l'assaillait.
Pris de remords, Sarsenij décida alors de ne plus jamais attaquer quelqu'un sans qu'il n'y ait raison valable, et ce principe perdurera jusqu'à maintenant.
Une fois sorti de l'orphelinat, par les barreaux duquel il pouvait apercevoir les enfants des bons bourgeois qui se pliaient au grand Roi, jouer tranquillement sur le dos de jolis moutons dorés, Sarsenij dut mendier pour s'acheter son premier mouton. C'est tout juste s'il possédait un ensemble d'habit. Il fit alors connaissance avec la vie si dure qu'il ne l'aurait jamais pu penser pire qu'à l'orphelinat. Toujours les grandes fortunes faisaient mine de ne pas l'apercevoir, exceptés quelques exceptions de rebelles qui lui offrirent de quoi manger et un bout de son pécule nécessaire, ainsi qu'un peu d'éducation critique.
Sarsenij apprit, frissonnant devant la soupe chaude que lui tendait un apôtre de la liberté, qu'il ne fallait pas croire au Roi, que les riches qui s'empiffraient du mets le plus apprécié de Moutonpolis, la fleur bleue en toast, ne faisaient que de s'aliéner. Sarsenij apprit tout cela et décida de faire tout ce qu'il pourrait pour agir contre la puissance autoritaire et infamante du Roi.
Une fois son pécule réuni, il s'acheta un mouton noir, à l'image de ses idéaux. Le noir de l'espoir, le noir de la liberté, le noir de l'anarchisme, le noir de la révolte surtout. Sa première tonte il l'utilisa pour se confectionner de nouveaux habits, ses anciens étant tellement élimés qu'on ne percevait à peine qu'il n'était pas nu.
Mais sarsenij commença à désespérer: il ne trouvait aucune place dans cette métropole pour pouvoir avoir la moindre répercussion. Les moutons terroristes ne semblaient pas agir assez à son goût, et ils avaient l'air plutôt fermés aux nouveaux idéalistes. Il voulait partir, quitte à vivre seul dans un recoin du royaume, mais on ne le laissait pas partir. Le garde lui disait qu'il n'était pas assez mature, mais il ne voulait tout simplement pas qu'une telle engeance aille donner mauvaise réputation de Moutonpolis aux alentours.
Une nuit, accompagné de sa seule brebis engrossée, il s'enfuit en cachette et erra longuement sur les plaines de Moutonpolis. Une nuit, dans le trouble de son sommeil, il entendit des bruits féroces, des entrechocs de métal, des cris de moutons à l'agonie. Dans sa stupeur, il se réveilla en sursaut et, dressé aussi rapidement, il se fit tout de suite remarquer par quelques uns des protagonistes de la scène. Il s'agissait des habitants du village de Mora qui étaient venus affronter les riches et gras bourgeois du Hameau.
Sarsenij cacha tout d'abord ses convictions, pour ne pas être comme à l'accoutumée violemment rejeté. Mais il s'aperçut dans la trivialité de ses compagnons d'un instant, ainsi que dans leurs propos, qu'ils s'éloignaient bien de ce que le Roi aurait voulu qu'ils soient.
Sur le flanc de la montagne vers laquelle la troupe se dirigeait, Sarsenij crut apercevoir un puissant feu de forêt. Jamais il n'aurait cru que ces lumières aient pu venir du campement de Mora, car il ignorait qu'il était possible de vivre dans les hauteurs. En effet, il ne connaissait que les plaines royales dans lesquelles, mignon_a_croquer allait paître quand il en avait les moyens.
Sarsenij fut tout de suite charmé par le campement, car tel était l'état du village à son arrivée, mais garda toujours pied sur terre, et resta critique avec les idées du village. Tout d'abord, il avait en aversion de croiser la route de personnes qui étaient dans le camp du Roi. Car Mora contenait des habitants qui n'avaient pas leur place en ce haut lieu de révolte, que le Royaume nomme "perdition". Il tenta de persuader le maire, sa première véritable connaissance depuis qu'il avait vu le jour. Mais celui-ci se préoccupait d'abord du Hameau, Sarsenij décida alors de mener son action tout seul. Il fit une petite réserve de champignons, s'acheta un frelon et attaqua les bergeries dont les moutons étaient brossés tout les jours par de gros propriétaires bien nourris par le Roi.
Lorsque le maire laissa la guerre contre le Hameau, premier bastion du royalisme après Cité royale, le village le rejoint dans sa lutte.
Lorsque l'agora du village fut construite et qu'il n'avait pas à payer pour s'exprimer, Sarsenij put enfin transmettre ses idées dans les détails, et sa motivation à combattre les brebis du Roi lui valut d'être nommé Capitaine des armées moratoises, poste qu'il occupe encore à ce jour et qu'il tente de tenir au mieux.

Physiquement, Sarsenij se présente comme un homme plutôt petit, vêtu d'une pelisse de laine noire, de mauvaise qualité et que le temps a perforé de part en part. Il a de longs cheveux, noirs en apparence, mais même lui ne sait pas quelle est leur couleur sous la crasse flairant l'âcre de la bergerie. Il est plutôt maigre, sans beaucoup de force physique, mais avec une mentalité à toute épreuve et une ténacité inébranlable.