Vu qu'on est plusieurs à aimer le fantastique et à écrire, pourquoi pas écrire l'histoire de Mora ? SamGamegie a déjà écrit les débuts sur le forum de MK, je me permettrai de me faire l'historien de ce fameux jour du 1er mars.
Le jour des archanges
C'était il n'y a pas si longtemps, souvenez-vous, peut-être votre mémoire éclairera-t-elle les zones brumeuses du passé que notre cerveau prend tant plaisir à effacer. Les Moratois vivaient alors de façon désordonnée, pour le mal et pour le pire, sans se soucier le moins du monde à fondre le ciment qui forme la structure du village. SamGamegie, le maire, tirait la population fainéante à mener une guerre si méritée pour Le Hameau, tant il soutient le Roi par le biais de l'économie. La population, amollie par de longs temps d'inactivité et parce que le feu de la révolte ne parvenait pas à s'embraser, s'écrasait platement contre la forteresse de la grande cité bourgeoise, comme Agammemnon le fit durant de nombreuses années.
SamGamegie, dans son grand manteau noir au bas duquel se dispersaient centaines de fines lanières terminées par de petits champignons attachés en bouquets, prit alors la grave décision de laisser cette querelle sans fin, si ce n'est celle de Mora, afin de renforcer le village. Mais pour ce faire, il était d'une urgente nécessité d'expulser par la force la plus brutale les quelques habitants qui détonnaient avec le décor, les porte-parole du Roi, les infâmes croqueurs de fleurs bleues. Il réunit quelques fidèles dans les bureaux vétustes de la mairie, sous de vieux lustres rouillés dont les bougies aux trois-quarts brûlées semblaient être là depuis le départ du dernier loup. Sous l'emprise de l'alcool frelaté, des mauvais cigares et d'une décoction de champignons oranges macérés au venin de frelon, ses compagnons commençaient à s'échauffer.
Il y avait là pasanguille, grande prêtresse de la magie noire qui tenait ses pouvoirs du sorcier du lac Volcania. Dans sa sombre toge, on apercevait à peine ses yeux sous un vaste capuchon bruni par le travail de son champ. A sa ceinture trônaient multiples brins de laine volés à différents moutons pour y pratiquer le vaudou. Embrasée par sa haine de tout ce qui soutient le Roi ou la gentillesse, elle préparait déjà ses mixtures, alors qu'entre deux gorgées et quelques bourrades, poliomatis recomptait ses innombrables champignons. Poliomatis était pâle, d'un blanc livide angora, certainement car il passait le clair de son temps dans sa cave à soigner ses champignons.
Quant à Camouflage, elle ne paraissait pas autant à l'aise que ses congénères, probablement son passé qui la tourmentait. Elle passait d'ailleurs la majorité de son temps à soutenir les petits éleveurs pour leur apprendre à refuser l'autorité du Roi, comme elle aurait aimé qu'on le lui apprenne avant qu'elle ne devienne servante du Roi.
Sarsenij, devant un mur de verres vides, palabrait comme à l'accoutumée, dans son costume de piètre qualité, tissé avec la laine de ses propres moutons noirs, reflétant ainsi sa pauvreté. Il proposait, défendait, argumentait, mais, comme souvent sont les gens qui agissent ainsi, ne pouvait pas participer aux idées de ses discours.
Corleone, dans le seul coin d'ombre de la pièce, examinait les finances de la ville tout en passant sa main dans ses cheveux emmêlés depuis sa naissance. Elle savait fort bien comment gérer une fortune, et malgré son apparence repoussante comme tous ceux qui peuplaient cette salle, elle possédait une intelligence spéculative fort bien développée.
Tout ce beau monde décida soudainement d'aller rendre une visite surprise à quelques uns de leurs ennemis, pour qu'enfin le mouvement de réaction se lance. Armés de toutes leurs puissances, Corleone et pasanguille tiraient leurs moutons voleurs et magiciens, Sarsenij conservait tant bien que mal quelques frelons dans un bocal, et poliomatis et SamGamegie traînaient de lourds sacs de champignons. Ils déambulaient dans la petite et sale bourgade de Mora, dans l'ombre de bâtiments insalubres des fenêtres desquels s'évacuait directement l'eau des toilettes. Entre les bergeries crasseuses zonaient quelques moutons drogués aux vitamines, et les pavés branlants prévenaient les villageois craintifs qu'il valait mieux passer son chemin par une autre voie.
Soudain, la clarté d'une bergerie parut les effrayer. Celle-ci semblait propre de l'auge jusqu'au toit, devant le champ fleurissaient quelques petites fleurs bleues tandis qu'une ruche bourdonnait aux environs. La troupe, reconnaissant ainsi la marque de ses ennemis, se rua sur la bergerie brillante de clarté, dans l'espoir d'effrayer à son paroxysme le berger, qui regrettait déjà d'avoir pris à la légère les menaces qu'il avait entendu vociférer depuis la mairie durant la nuit.
L'homme, caché sous sa réserve de foin biologique, dut affronter sans mot dire ni bruit faire, la mort de quelques uns de ses petits que ses brebis tenaient en leur ventre. Il dut supporter la vision de sa ruche anéantie par quelques frelons vengeurs. Il dut rester cacher sans pouvoir empêcher ses moutons, devenus fous, d'écraser son champ.
Lorsque la troupe décida de repartir, de la bergerie il ne restait que quelques moutons vomissant leurs tripes entourés des cadavres d'abeilles et des restes de poupées vaudous.
Les désormais héros de Mora revinrent à la mairie dans le dessein de se redonner du coeur au ventre et de perpétuer tant qu'il le faudra ces attaques. Suite à la débandade du Hameau, la fierté de cette action réussie, bien qu'elle ne soit encore pas terminée, leur permit de saisir qu'il était crucial pour l'avenir de leur village de s'organiser. Certains devinrent parrains municipaux, afin de porter soutien aux éleveurs qui sortent à peine de l'école de formation. Certains devinrent vendeurs pour permettre à la cité de prospérer. Certains devinrent chefs de guerre, pour coordonner au mieux les actions des Moratois. D'autres les rejoinrent, et dès ce grand jour, longues sont devenues les discussions dans la grande salle de la mairie, qu'elles soient publiques ou privées, plus efficaces sont devenues les actions militaires, et plus riche est devenu le village.
Dans cette prospérité qui permit aux Moratois de jouir du bon plaisir que celui de posséder un hôtel, le conflit n'était certes pas terminé, et il perdure à ce jour. Une fois que la petite équipe eut lancé le mouvement d'évacuation des plaies royalistes, la population prit part au combat, et sous l'égide d'une organisation efficace, put agir au plus juste, coordonnant ses actions et répandant le malheur sur les bergeries tapissées de fleurs bleues. Contrairement à la guerre du Hameau, la flamme de la victoire se calcinait dans leur coeur, et échauffait leurs armes, comme elle le fait encore.
Voilà, Moratois, un moment essentiel de votre histoire, lorsque Mora a su prendre les devants, et s'ériger en temps que ville fière, indépendante et organisée, toujours au respect de ses valeurs et de ses participants.
N.B: Si quelqu'un se sent lésé par la description qui est faite de lui, dites-le moi, je modifierai!!
Si vous vous sentez motivés par l'écriture, n'hésitez pas à écrire un autre texte!